Caudry : l’instinct provocateur de Jérémy Ferrari

04/02/2023

Après la religion et la guerre, thèmes abordés dans ses précédents spectacles, Jérémy Ferrari s’attaque cette fois à la santé. Une foule de personnalités y passent : Jacques Servier, Olivier Véran, le groupe Boiron et l’homéopathie, le personnel soignant et les CHU. Rencontre avec un humoriste qui adore casser les codes.


Quel genre de gamin étiez-vous ?
« J’étais timide et très réservé. Ce sont les cours de théâtre à l’école puis au collège qui ont tout déclenché chez moi ».
À vous pencher autant sur les thèmes sensibles de la société, vous auriez pu être journaliste comme votre grand-père qui travaillait au Soir en Belgique ?

« Ça m’aurait plu, c’est vrai, mais ça aurait manqué d’humour et, en plus, il m’aurait fallu travailler davantage à l’école et ce n’était vraiment pas mon truc ».

L’humour noir a-t-il toujours été votre fonds de commerce ? 

« Oui, c’est très instinctif chez moi. Déjà à 15 ans, je traitais de l’homophobie. En fait, la provocation est ce qui me ressemble le plus et l’humour noir est, avec l’absurde, ce qui me colle le plus à la peau »

Vous qui êtes originaire de Charleville-Mézières, comme Arthur Rimbaud, avez-vous l’âme d’un poète ?

 « J’ai toujours voulu être plus qu’un humoriste alors si ça a à voir avec la philosophie, c’est oui ! J’ai toujours aimé la langue française que j’ai toujours considérée comme une arme. Je partage avec Rimbaud la provocation, la mélancolie, la solitude et les excès. Comme lui, j’ai envie de voyager et de casser les codes ».

Le comble c’est que votre spectacle « Anesthésie générale » a été interrompu par la crise sanitaire. Quelle incidence cela a-t-il eu ?

« Le spectacle, qui durait déjà 2 h 30 au départ, s’est vu augmenter de 30 minutes. J’avais décidé de couper certaines parties qui marchaient un peu moins mais le public ne s’est jamais plaint de la durée, alors je suis 3 h sur scène » !

Qu’est-ce que cela fait d’être qualifié de meilleur humoriste français et de faire salle comble quinze minutes minutes après ouverture de la billetterie ?

« Ça m’inspire plusieurs sensations : le petit garçon a du mal à y croire, l’adulte pense que c’est mérité et le revanchard dit « T’as vu » ? En tout cas, c'est terrorisant mais j'en suis un peu fier. C’est pour moi la preuve qu’on peut réussir sans se corrompre »

Qu’est-ce qui fait courir Jérémy Ferrari aujourd’hui ?

« Je me pose la question tous les jours ! Je ne fais que me mettre de nouveaux challenges et je me demande souvent pourquoi. En fait, essayer de se lancer de nouveaux défis, c’est se sentir en vie » !


Pour le magazine La Voix du Nord.