Depuis trois ans, depuis que le succès est au rendez-vous, l'humoriste Jérémy Ferrari peut s'octroyer de vraies vacances. Mais il ne peut pas s'empêcher d'emporter du travail avec lui. Ses modèles s'appellent Desproges et Coluche.
En vacances, Jérémy Ferrari a toujours un sketch en cours de route.
Singapour, le temps d'un festival, un détour par le Cambodge où il verra de la famille, puis New-York et la Grèce pour terminer : l'été de Jérémy Ferrari sera bien rempli. C'est comme ça qu'il les aime, avec des tas de voyages à la clé et des devoirs de vacances dans ses valises. Quand il ne prépare pas ses prochains spectacles, il imagine des sketches pour les autres.
"L'an dernier, aux Maldives, j'emportais l'ordinateur tous les matins à la plage. Ça rendait folle ma copine !"
L'humoriste est de ceux qui culpabilisent en vacances. Il lui faut sa "dose d'écriture quotidienne". Accro au travail : c'est peut-être un héritage de ses parents, petits commerçants dans les Ardennes. Pendant des années, il y a vu son père se lever chaque matin avant 6 heures "pour essayer de sauver son commerce". C'est peut-être aussi le souvenir de ses années de galères à lui. Pour réaliser son rêve "monter sur scène", il a fait tous les boulots : agent de sécurité, vendeur de fringues, administratif chez Orange...
Côté spectacle, il a également toucher à tout, et il sait même gérer une billetterie.
Quand le succès est arrivé, il y a trois ans, il n'y croyais plus. "Le jour où Ruquier m'a fait appeler pour son émission de France 2, je me trouvais au café avec mes trois amis les plus proches. J'étais décidé à arrêter le métier, et j'allais le leur dire. Cela devenait trop dur !"
« On n'demande qu'à en rire » à la télé a tout changer. 85 passages et 150 sketches plus tard, Jérémy Ferrari a su s'imposer. Ses spectacles tiennent l'affiche sans faiblir : il a donné 300 représentations de "Moi, Méchant" et 200 de "Mes 7 pêchés capitaux" . Avec le dernier "Hallelujah Bordel !" il bat tous ses records et approche des 500 dates. Plus provocateur que jamais, son one-man-show malmène les Livres sacrés - La Torah, La Bible et Le Coran, au propre comme au figuré. Il arrive que quelques spectateurs quittent la salle. Des anonymes l'insultent ou le menacent.
"Les communautés prennent ma défense. Seuls les extrémistes et les violents ne supportent pas, mais ils ne représentent qu'une minorité dans chaque religion."
L'humour noir et la provocation, l'enfant de Charleville-Mézières les cultive depuis ses jeunes années. "Sans être mauvais garçon, j'étais turbulent et j'avais déjà de la répartie. J'étais capable de faire tourner les enseignants en bourrique. Un jour, je suis arrivé en classe avec un oreiller. Le prof l'avait cherché, il m'appelais ' le dormeur '".
Fâché avec les études, Jérémy Ferrari quitte le lycée à 16 ans et monte à Paris où il obtient une dérogation pour entrer dans une école de théâtre, le Cours Florent. Il en rêve depuis longtemps et se rappelle le jour où il a eu oe déclic : "Un dimanche après le repas, pendant le café la famille a mis un cassette de Pierre Palmade et tout le monde, à la maison, se marrait. Voir qu'un mec seul arrivait à faire vivre des personnages qui n'existe pas, et que les gens mouraient de rire, ça m'a paru incroyable !"
Galères comprises, Jérémy Ferrari a déjà dix bonnes années d'expérience professionnelle. À seulement 28 ans, il est un abonné des radios, des télés et des grandes scènes. À l'Olympia, fin mai, il fait salle comble. Une cinquantaine de dates sont encore au calendrier d"Hallelujah Bordel !", après quoi il envisage, en 2014, une tournée auprès des expatriés. Déjà, le comédien planche aussi sur son prochain spectacle : il y parlera de la guerre. Entre-temps, il espère avoir mené à son terme un projet de film. L'histoire de quatre employés de l'ANPE. Évidemment ce sera drôle et corrosif.
Dans le métier, certains s'étonnent de son énergie et le suspectent de tenir grâce à la coke. "Je n'ai même pas essayé, je fais très attention à ça." Il préfère le sport, quasiment une heure par jour. Il est ceinture noire de judo et Jujitsu. De quoi se permettre, sur scène, de jouer les provocateurs.