«Je suis un gars du peuple, j'essaye de rester intègre»

22/12/2017

Jérémy Ferrari a connu un succès fulgurant avec «Vends 2 pièces à Beyrouth», un spectacle cinglant sur la guerre, qui démarre par une attaque terroriste.


Depuis la création de «Vends 2 pièces à Beyrouth» début 2016, il s'est passé pas mal de choses en France et dans le monde…

 

Jérémy Ferrari : Il y a eu des événements comme l'élection de Trump, des attentats, mais rien qui modifie fondamentalement les grandes lignes de la géopolitique. Daech, même un peu affaibli, est toujours actif, il y a toujours des menaces de guerre et des conflits, donc rien qui me force à réécrire mon spectacle (rires) Mais il a quand même énormément évolué depuis que j'étais venu le rôder à Toulouse il y a deux ans. Je l'ai adapté en me basant sur les réactions du public, car mon but avant tout est de faire rire. La part que je laisse à l'improvisation est plus importante, les gens adorent ça. 

Vous vous attendiez à avoir autant de succès avec un spectacle sur la guerre et le terrorisme ?

Sans fausse modestie, pas du tout. En plus je suis quelqu'un de très angoissé, et j'ai du mal à profiter du succès. Je pense que ce qui plaît au public c'est de se marrer avec quelqu'un qui leur ressemble, qui ne leur ment pas, et qui s'est documenté. Moi, je suis un gars du peuple et j'essaie de rester intègre.  

Où vous situez-vous politiquement ?

Je suis apolitique. Je ne suis pas dans le rejet systématique mais je ne crois pas suffisamment en la politique pour me déplacer un dimanche pour aller voter. Toutes mes convictions je les ai formées avec des gens, et pas en me basant sur des discours. 

Il vous arrive de vous censurer ?

Oui, si ce n'est pas drôle. Je ne fais jamais mon choix sur le caractère scandaleux d'un gag, mais sur son efficacité humoristique. Si je peux dénoncer, je le fais, à condition que ça fasse marrer les gens, et si je peux faire rire en emmerdant le monde, je prends vraiment du plaisir.

Quel sera le thème de votre prochain spectacle ?

La santé. Quand je l'annonce à la fin du spectacle les gens applaudissent. C'est une mine. Exemple, en fouillant sur les scandaleuses pratiques de certaines ONG j'ai découvert qu'en Inde une ONG avait passé des accords avec un laboratoire pour tester des médicaments. Sauf que des milliers de bébés en sont morts.

En dehors de la scène que faites-vous ?

Je ne fais que bosser, du matin au matin, c'est presque maladif, je suis un grand anxieux. Je joue, j'écris, je produis d'autres artistes, je passe mon temps à voyager, à rencontrer des gens, à faire des recherches. Ma compagne réussit quand même à me faire relativiser. Elle me dit «assieds-toi, on va faire RIEN».