Jérémy Ferrari, Arnaud Tsamere et Baptiste Lecaplain réunis dans un show : « C’est rare ce genre d’alchimie »

29/11/2023
« Partir sur les routes à trois copains pendant trois mois pour faire juste ce qu’on aime, ça va être du kif », se réjouit Jérémy Ferrari entouré de ses potes humoristes Baptiste Lecaplain et Arnaud Tsamere. LP/Arnaud Dumontier

Les trois humoristes ont ouvert ce mardi la billetterie de « la Tournée du trio » qu’ils assureront début 2025 dans des Zénith à travers la France. Un spectacle 100 % inédit, en cours d’écriture, dont ils nous parlent en exclusivité.


« Je vous préviens, je fais une grève de deux minutes. » La (fausse) bouderie de Baptiste Lecaplain ne durera pas aussi longtemps. Deux secondes à peine, et l’humoriste repart à l’abordage avec une nouvelle digression hilarante. À côté de lui, Arnaud Tsamere, ordinateur sur les genoux et lunettes au nez, étire la vanne dans sa veine délicieusement décalée. En face, Jérémy Ferrari soupèse, recentre, structure, avant d’enfoncer le clou avec une punchline qui claque. Ainsi naît un bout de sketch ce lundi matin dans les locaux parisiens de Dark Smile, la société de production de ce dernier.

Des blagues qui nourriront un spectacle 100 % inédit que les trois humoristes, aux solides carrières solo, présenteront début 2025 lors d’une tournée des Zénith dont la billetterie a été ouverte ce mardi 28 novembre. Un roi de l’humour noir qui s’apprête à remplir l’Accor Arena (Ferrari), un virtuose de l’absurde (Tsamere) et une mitraillette à vannes branchée sur 100 000 volts (Lecaplain) : clairement, le trio le plus alléchant du XXIe siècle sur scène en France, près de trente ans après le baisser de rideau des Inconnus. Résultat : 30 000 billets vendus en quatre heures, rien que sur le site de la Fnac. Et le site Web de Dark Smile qui sature à cause d’un trop grand nombre de connexions (plus de 160 000). Bref, un carton.

Entre ces trois-là, plus de dix ans de complicité, de vacances communes. Les deux premiers ont fait les beaux jours d’« On n’demande qu’à en rire », l’émission de Laurent Ruquier. Pièce rapportée du groupe, Baptiste Lecaplain a été intégré aux deux autres en 2013 lors d’une première tournée des Zénith pour laquelle chacun jouait ses propres sketchs. Depuis, ils se retrouvent régulièrement, coprésentent à la télé certaines éditions des « Duos impossibles » de Jérémy Ferrari, détournent des scènes de films Disney dans des numéros devenus cultes, parlent la même langue dès qu’il s’agit de faire gondoler une salle.

« Ce que le public aime aussi, c’est qu’on soit très potes dans la vie »

« C’est très rare de trouver ce genre d’alchimie, surtout à trois. Des rencontres comme ça, t’en fais qu’une fois dans ta vie, observe Jérémy Ferrari. On partage un truc indescriptible, impalpable, un peu magique. » D’autant plus efficace que leurs registres de prédilection bien distincts leur permettent de ne pas se marcher sur les pieds et d’aborder collectivement des chemins qu’ils n’auraient jamais empruntés seuls. « On couvre un peu tous les registres d’humour, on peut aussi bien aller sur des sujets très lourds ou très légers », résume-t-il.

Depuis septembre, le trio se retrouve jusqu'à trois fois par semaine pour des séances d’écriture du spectacle.

« Il y a la complicité artistique, mais ce que le public aime aussi, c’est qu’on soit très potes dans la vie », ajoute Arnaud Tsamere. Alors, cette idée de spectacle à trois, qui flottait dans l’air, ils se sont jetés dessus à la faveur d’un alignement des planètes, ou plutôt de leurs calendriers, qui les voit terminer leurs one-man-shows respectifs à peu près au même moment.

« J’ai hâte ! Partir sur les routes à trois copains pendant trois mois pour faire juste ce qu’on aime, ça va être du kif, savoure d’avance Jérémy Ferrari. Je sais qu’on va se marrer autant dans le van qu’à l’hôtel ou au resto. Et on va aller sur scène comme des gosses sur un terrain de jeu ! »

« S’il y en a deux qui se marrent et un qui doute, on jette »

Ce qui n’empêche pas un énorme boulot en amont. Depuis septembre, ils multiplient les séances d’écriture, jusqu’à trois par semaine. La trame du spectacle est déjà posée. Une demi-heure de vannes déjà retranscrite. Et la lecture du tout début du show à laquelle on a assisté nous fait trépigner d’impatience tant les loustics poussent à fond le curseur de leurs personnages respectifs. « Dans l’écriture, il n’y a rien qu’on ne valide sans le rire des trois, décrypte Arnaud Tsamere. S’il y en a deux qui se marrent et un qui doute, on jette. On fonctionne à l’unanimité. »

C’est lui qui prend les notes pendant les séances, « parce que je suis le seul à ne pas faire de fautes », se marre-t-il. Mais parfois, l’exercice est périlleux, tant les blagues jaillissent de toutes parts. « Ils me disent : T’as noté ça et ça ? Mais ça va tellement vite ! » Alors, il faut répéter. Et faire un peu le tri. Certaines blagues atterrissent sur le banc des remplaçantes, et trouveront peut-être leur place plus tard dans le spectacle. Ou finiront dans « le dossier des vannes pas gardées ». « Je pourrais en faire un livre », s’autovanne Baptiste Lecaplain.

Même à distance, les idées fusent, notamment via le groupe WhatsApp du trio. « En vrai, on écrit tout le temps », observe Lecaplain, qui, en fin de soirée, sur son vélo d’appartement, laisse encore quelques notes vocales piquantes à ses camarades. « On se balance des missiles atomiques », rigole-t-il. « Parfois, je me prends de ces rafales ! Hier, je me suis couché à minuit et demi mort de rire », embraye Arnaud Tsamere.

L'ombre d'un quatrième copain planera forcément au-dessus du show du trio. Celle de Guillaume Bats, comique atteint de la maladie des os de verre et décédé brutalement à 36 ans en juin dernier. Mais que le public ne s'attende pas à une envolée de violons lyrique. « Notre manière à nous de lui rendre hommage, ça sera forcement de le vanner », prévient son frère de cœur, Jérémy Ferrari.

Après cette tournée en 2025, les trois ont prévu de se reconsacrer à leurs univers en solo. Avant, qui sait, de remonter en selle en trio. « Pourquoi pas faire un spectacle ensemble tous les quatre ou cinq ans », avance Jérémy Ferrari. Avant qu'une vanne ne fuse sur l'âge d'Arnaud Tsamere (48 ans), une décennie de plus au compteur que ses acolytes. Ce qui donne une idée de sketch à Baptiste Lecaplain, qui l’envoie immédiatement dans le groupe WhatsApp du groupe. Fou rire immédiat. 


Par Grégory Plouviez pour Le Parisien