Jérémy Ferrari : "J’essaie de rester au plus proche de ce que j’ai promis aux gens"

25/02/2024

L’ultime représentation du spectacle « Anesthésie générale » de Jérémy Ferrari sera jouée à Paris le 10 mars 2024 et diffusée en simultané dans 300 salles de cinéma, dont trois en Sarthe.


Le Maine Libre : Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de jouer ce spectacle au cinéma ?

Jérémy Ferrari : Ce n’est pas mon idée. Et je trouve que c’est agréable aussi quand on vient vous chercher pour une idée que vous n’avez pas eue. C’est Pathé qui est venu et qui organise. Au début, j’étais un peu réticent car ce spectacle a fait 300 000 spectateurs en salle ; allait-il y avoir encore du monde à vouloir le voir ? Et finalement je me suis laissé tenter car je trouve que l’offre est géniale pour les gens. Ceux qui n’ont pas eu de billets pour l’Accor Arena vont pouvoir assister à la dernière, car j’ai un public très fidèle. Ça permet aussi aux personnes qui m’ont loupé dans leur ville de venir, et, c’est ce qui est le plus important, ça permet à des gens qui ont peut-être moins les moyens, d’assister à un spectacle autrement que devant leur télé. Vous êtes vraiment dans des conditions spectacle avec un son incroyable et vous avez la scène en gros plan. C’est très proche de la réalité. 

Pourquoi ce spectacle a autant de succès ?

Je pense que c’est un travail long. Au tout départ, j’ai apporté quelque chose qui n’existait pas. Le spectacle « Hallelujah bordel » a été à la hauteur des attentes des gens qui m’avaient découvert à la télévision. « Vends 2 pièces à Beyrouth » a eu un succès supérieur, qui du coup a donné envie aux gens d’aller voir « Anesthésie générale ». J’essaye de faire une carrière en évitant les mauvais choix. Je ne vais pas à la facilité. J’essaie de rester aux plus proches de ce que j’ai promis aux gens. J’ai vraiment beaucoup travaillé sur ce spectacle. Il y a aussi une volonté des gens de chercher la vérité ou la franchise. On est dans une société où l’information est compliquée, on est dans une surenchère de l’information, de l’expression, de l’émotion. Les gens sont découragés, saoulés et perdus. Ils me font confiance, et ça fait du bien aux gens de savoir que ce mec-là qui n’a pas de parti politique, de religion, aucun clan de pensée est libre et transversal et ne dit pas de conneries. 

Ce spectacle est intime, les gens se reconnaissent en vous ?

J’ai créé un personnage. Mais je suis aussi fragile, j’ai des côtés sombres, des failles comme tout le monde. Les gens savent très bien que je n’ai pas raconté ça pour remplir les salles. Ce spectacle fait du bien aux gens. Si je vous dis : dépression, alcool ou problèmes psychiatriques, vous avez quelqu’un, proche de vous, qui est touché. On a tous des problèmes de ce style et on n’en parle jamais. Depuis quelques années, les langues se délient un peu. Ça fait partie du succès du spectacle. 

Y aura-t-il des surprises pour cette dernière ?

Oui, il y aura quelques surprises. Après, le spectacle dure trois heures, je n’ai pas le temps de rajouter quinze minutes supplémentaires ! 

Humoriste, producteur, quelle est la prochaine étape ?

C’est le cinéma. J’ai mon premier film qui sort le 1er mai. J’ai tourné avec Golshifteh Farahani. Un film réalisé par Saïd Belktibia qui s’appelle Roqya. Je suis hypercontent car je voulais débuter dans un rôle sombre et complètement à contre-courant de ce qu’on a l’habitude de voir. J’ai un vrai rôle d’acteur. Les projets se multiplient et j’ai ma comédie à moi que je viens de finir d’écrire et qu’on espère tourner cette année ou l’année prochaine en fonction des plannings et des financements. 

Vous avez commencé à écrire la tournée du trio ?

Oui, on a commencé mais Arnaud Tsamere et Baptiste Lecaplain sont aussi présentateurs des duos impossibles. Du coup, on écrit pour les duos et le trio. Là, on a mis de côté le trio car on a pas mal avancé. Quelquefois on a des vannes et on se dit : « On les garde pour le trio ? » Avec eux, c’est tellement simple, ça va tellement vite. On a trois univers différents et complémentaires, c’est un bonheur. Baptiste est spécialiste de l’humour d’observation et du quotidien. Arnaud est maître de l’absurde et moi je suis spécialiste de l’humour noir et de la provocation. Et ce qui nous importe c’est que tout le monde soit drôle. 


Par Romain Bracq pour Ouest-France.