Jérémy Ferrari avant son spectacle à Charleville : « J’y vais toujours à fond, je ne sais pas faire autrement »
Originaire de la préfecture des Ardennes, Jérémy Ferrari est un humoriste qui ne se refuse aucun sujet, quitte à donner un coup de pied dans la fourmilière. Avant son spectacle samedi au Parc des expos (complet) il a bien voulu répondre à nos questions.
Est-ce qu’il y a des sujets que vous vous interdisez ?
Absolument pas. Bien au contraire, à partir du moment où c’est drôle, je me lance. Lorsque je prépare un spectacle sur un sujet épineux, je trouve que c’est d’autant plus intéressant à traiter.
Si vous ne vous interdisez rien, est-ce qu’on peut encore rire de tout ?
En réalité, cette question se pose depuis vingt ou trente ans. C’est aussi très subjectif. Aujourd’hui, les gens confondent censure et critique des réseaux sociaux. Il n’y a pas plus de censure aujourd’hui qu’avant. Il faut arrêter de penser que les années 80 et 90 étaient une époque bénie. Renaud et Coluche se faisaient aussi censurer à la radio à l’époque.
Les gens se battaient déjà pour la liberté d’expression. Ce combat existe encore aujourd’hui, il n’a jamais cessé. Quand on est inconnu, c’est difficile de tout dire car les plateaux de télé n’osent pas nous inviter. Moi, c’est Laurent Ruquier qui m’a donné ma chance. Après, avec la notoriété, ils savent qu’on va remplir une salle donc ils nous suivent. Aujourd’hui encore, on doit se battre pour la liberté d’expression. Mais au-delà de tout ça, la liberté d’expression que j’ai aujourd’hui, c’est le public qui me la donne.
Est-ce qu’il y a eu des conséquences suite à certaines de vos spectacles, par exemple sur le terrorisme ou la religion ?
Oui, évidemment. Le premier spectacle que j’ai fait, il y avait la Bible, le Coran et la Torah sur scène, et tout ça diffusé en prime à la télévision. Par la suite j’ai reçu des insultes et des menaces sur les réseaux sociaux. Mais c’est anecdotique, au final je les ignore. Lorsque quelqu’un tient des propos pareils, les autres le rappellent à l’ordre. Il y a plus de soutiens que d’insultes. Il ne faut pas s’étonner de réactions de ce style, à partir du moment où on donne la parole à tout le monde et de manière anonyme sur internet, certains se lâchent.
Est-ce qu’il y a des humoristes ou des artistes qui vous inspiré ou qui vous inspirent aujourd’hui ?
J’aime bien ce que font Pierre Palmade et Muriel Robin. Jusqu’à présent, j’ai eu l’occasion de jouer et de travailler avec de nombreux humoristes.
Avez-vous constaté une évolution chez les gens face à l’humour ? Est-ce qu’ils s’offusquent qu’on rit de certains sujets ou au contraire n’attendent-ils que ça ?
Je n’ai pas l’impression qu’ils soient plus offusqués. Au contraire, j’ai l’impression d’aller de plus en plus loin et que les gens sont de plus en plus nombreux. J’y vais toujours à fond, je ne sais pas faire autrement, c’est mon ADN. Si demain ça n’amusait plus le public, je m’arrêterais. Mais pour l’instant les gens sont au rendez-vous, alors je continue !
Pourquoi traiter le thème de la santé dans votre dernier spectacle « Anesthésie générale » ?
Lorsque j’ai écrit mon spectacle Vends 2 pièces à Beyrouth, j’hésitais déjà avec le thème de la santé. C’est quelque chose qui est dans l’ère du temps. Les gens sont soucieux de ce qu’ils mangent, de leur santé en général. Malheureusement deux semaines après le début de Vends 2 pièces à Beyrouth, l’actualité m’a donné raison avec les événements du Bataclan.
“La liberté d’expression que j’ai aujourd’hui, c’est le public qui me la donne“
Est-ce que vous vous présentez comme un ambassadeur des Ardennes dont vous êtes originaire ?
Non, pas forcément. Le mot ambassadeur est d’ailleurs inapproprié. Vous savez, moi je ne suis l’ambassadeur de rien du tout. Quand j’ouvre la bouche, c’est pour faire des vannes. Par contre, je dis régulièrement que je suis originaire de Charleville, tout le monde est au courant dans ceux qui me côtoient. La gentillesse des Ardennais me touche toujours énormément.
Comment est-ce que vous préparez votre spectacle pour les Ardennes ? Y a-t-il quelque chose que vous préparez de spécial pour cette date ?
Je ne prépare rien de spécial. J’écris un spectacle pour tout le monde, ça serait donc étrange que j’écrive une version spéciale pour un endroit. Évidemment, après, il y a des phases d’improvisations, mais ce n’est pas préparé et ça varie aussi d’un endroit à l’autre.
Qu’est-ce que ça vous fait de venir jouer votre spectacle à Charleville-Mézières ?
C’est devenu une étape obligatoire ! J’ai de la famille, des amis, et mon professeur de théâtre qui seront dans la salle, donc évidemment je suis super-content de venir jouer ici. Je n’ai jamais joué dans une salle aussi grande à Charleville. Et surtout, ça m’a fait extrêmement plaisir de voir que le spectacle était complet aussi longtemps à l’avance.