Jérémy Ferrari dans votre salle de cinéma en Picardie : « J’essaie de mettre la même énergie dans chaque spectacle»

08/03/2024

Il sera dimanche sur la scène de l’Accor Arena Bercy pour l’ultime représentation de son spectacle «Anesthésie générale», retransmise en direct dans dix cinémas de la Picardie.


Une date au cinéma avec Jérémy Ferrari, l’affiche fait rêver. C’est le cas, ce dimanche 10 mars à 17 heures, dans le cinéma près de chez vous. Mais attention, vous ne serez certainement pas seul. L’humoriste a pris rendez-vous avec la France entière et même un Bercy entier. Jérémy Ferrari donne l’ultime représentation de son spectacle Anesthésie générale. Et s’il est bien sur la scène de l’Accor Arena Bercy, il sera aussi en direct au cinéma. En attendant, il était bien en direct au téléphone avec nous pour parler de cet événement.

Pour passer en direct dans plus d’une centaine de cinémas, se prépare t’on différemment ?

On essaie de se préparer différemment pour faire la même représentation. C’est très étrange, ce que je dis mais c’est exactement ça. Il faut prendre chaque représentation comme si c’était la plus importante. Parce que si on met des degrés d’importance sur des représentations, vous allez plus vous donner sur une salle de 5 000 que de 400… J’essaie de mettre la même énergie dans chaque spectacle. Surtout, j’ai des spectacles qui durent trois heures, qui sont très engagés… si j’avais le moindre doute dans ma tête, je risquerais vraiment de livrer une représentation pas bonne. Pour les Bercy et les cinémas, c’est encore autre chose, il ne faut pas que je monte trop en stress. Si je me mets une pression trop forte, je risque de jouer mal. Il faut arriver à se dire « j’ai une date importante mais c’est une date comme une autre ». Juste pour arriver à gérer la pression. Je vais être à Bercy, ça va faire la captation pour les chaînes de télévision et en plus je vais être en direct devant 70 000 personnes dans les cinémas. Forcément, si j’intellectualise ce que je vais être en train de faire, je m’arrête et je pleure avant de partir en courant (rires). Il faut rester concentré et se dire que cela reste une représentation comme les 200 que j’ai faites avec ce spectacle et les 1 500 autres dans ma vie.

C’est la première fois que vous passez ainsi en direct au cinéma, qu’est ce qui vous a convaincu ?

Florence Foresti, Blanche Gardin l’ont déjà fait, c’est un peu ça qui m’a convaincu et en même temps cela m’a fait un peu peur car Blanche et Flo avaient moins tourné les spectacles. J’avais peur qu’on n’ait pas assez de monde dans les salles. Est-ce que vraiment les gens vont répondre à l’appel ? Et là, il y a déjà 45 salles qui ont doublé les séances. Il y a plus de 50 000 billets vendus. On ne s’attendait pas à ça. Nous, on s’était dit: si on fait déjà 20 à 30 000, on est content. Finalement, on va faire le double, c’est super. C’est top avec un show qui a déjà autant tourné.

Ce sera l’ultime représentation de ce spectacle Anesthésie générale, ça vous fait quoi ?

C’est une page qui se tourne, qui est lourde. Déjà, je fais un spectacle sur la santé, il y a le covid qui arrive. On avait vendu 150 000 billets avant de démarrer, on fait 30 dates et on doit arrêter presque de jouer pendant deux ans. Si les gens avaient demandé le remboursement de leurs billets, cette tournée n’aurait jamais pu se relancer. Et j’aurais dû jeter ce spectacle à la poubelle. Cela a été une période de stress terrible. J’ai dû réécrire ce spectacle pour le réadapter pour au final arriver à une version qui dure trois heures. C’est un spectacle dans lequel j’évoque ma tentative de suicide, mes problèmes psychiatriques… (rires) Quand on va terminer le spectacle, c’est une page magnifique, pleine de succès et de beaux souvenirs, une victoire personnelle immense, un pied de nez superbe de finir à Bercy. C’est une fierté sans nom. Forcément, cette dernière va être forte en émotion pour moi.

Y’aura-t-il des nouveautés, des surprises pour cette dernière date ?

Oui, on a prévu quelques surprises. Certaines qui seront visibles au cinéma, d’autres non.

Qu’est ce qui vous a motivé à parler du thème de la santé ?

Contrairement à ce que l’on peut penser, cela n’a rien à voir avec ce que j’ai vécu, ma cure de désintox. Les réseaux sociaux ont changé beaucoup de choses. Vous avez eu des soignants qui ont commencé à filmer, des malades, des gens qui ont commencé à se renseigner pour savoir ce qu’ils y avaient dans leurs assiettes, autant de cancers alors que les personnes avaient une vie saine. Et le sport, les applications pour mieux dormir, mieux manger… Il y a eu tout d’un coup, une démocratisation de la santé dans le quotidien des gens. Mais visiblement, j’avais trop bien senti le sujet, car il est arrivé au moment de la grève historique des urgences en France et le covid derrière.

Vous optez toujours pour une thématique pour vos spectacles, pourquoi ?

Parce que je n’aime pas monter sur scène gratuitement. J’arrive avec un sujet et de vraies choses à dire. Et cela me force à aller chercher des vannes que personne d’autres ne fera. Mon sketch sur l’homéopathie, que j’ai mis gratuitement en ligne, est aussi drôle en partie car j’ai étudié l’homéopathie en profondeur. Déjà j’ai des faits qui sont drôles et je rajoute par-dessus des vannes. Et comme ces vannes sont faites sur une information qui n’a jamais été donnée, forcément ça la rend originale. Plus je cherche, plus je fouille, plus mes textes sont drôles, différents et percutants… Comme je ne suis jamais sur la même ligne, cela m’oblige à être au top. Je me mets en immersion.

C’est quoi votre prochain ressenti, le futur thème de votre prochain spectacle ?

(rires) C’est sur l’écologie. J’espère qu’il n’y aura pas de catastrophe avec tout ce que je traîne, il n’y aura pas beaucoup de survivants pour la prochaine tournée (rires). Ce que je ressens, c’est une vraie urgence écologique. Il est temps que quelqu’un de normal se plonge dans le sujet. Moi, je dis toujours que je suis un gars du peuple qui parle aux gens. Je ne suis pas allé à l’école, je n’ai pas de religion, je suis apolitique, je ne fais partie d’aucun groupe de pensée. Je suis complètement libre. Je suis un gars lambda, qui a grandi dans un quartier. Du coup, c’est intéressant quand un gars comme moi se penche sur un sujet. Je ne défends rien ni personne. Je ne peux pas juger le quotidien des gens car j’ai certainement le même qu’eux. Je suis un peu plus privilégié financièrement maintenant mais je sais ce que c’est de ne pas avoir d’argent et je ne stigmatise pas non plus ceux qui ont de l’argent. Je suis assez neutre. Ce que je ressens surtout, c’est que les gens sont perdus en réalité. Ils ne savent pas du tout ce qu’il faut faire. Et moi non plus d’ailleurs. C’est un sujet intéressant pour moi, parce que les gens, ça va leur faire du bien d’avoir quelqu’un qui va arriver sans porter la voix d’un parti, sans porter la voix d’une profession, d’une entreprise… je vais leur dire j’ai trouvé ça… etc. tout en les faisant rire là-dessus. C’est très anxiogène. On nous explique tous les jours que l’on va mourir inondé, que l’on va mourir sous la tempête, qu’on va mourir de faim, de froid, d’une maladie qui va se réveiller des glaces de l’antarctique. Vous rajoutez à ça les guerres, les réseaux sociaux (rires)

Quand prévoyez vous la sortie de ce nouveau spectacle, qu’on ait la date de la fin du monde ?

Octobre 2026. Ce qui est potentiellement la fin du monde (fous rires) Notez-le sur vos agendas, profitez bien avant.


Par Nadia Nejda pour courrier-picard.fr