Jérémy Ferrari et sa drôle de guerre à la Gare du Midi
L’humoriste incisif Jérémy Ferrari sera ce mercredi soir à la Gare du Midi, avec son nouveau spectacle,"Vends deux pièces à Beyrouth". Rencontre.
Proposer un spectacle humoristique sur le thème de la guerre n’était pas gagné d’avance pour séduire le grand public. Pourtant, le comédien Jérémy Ferrari, popularisé à travers différentes émissions à la télévision, a réussi son pari de remplir les salles, avec son dernier one-man-show « Vends deux pièces à Beyrouth ». Il sera ce mercredi soir, avec son humour noir, sur la scène de la Gare du Midi, à Biarritz(1). Rencontre avec un géopoliticien du rire.
Où allez-vous chercher vos thèmes pour vos sketches ?
Jérémy Ferrari : Je ne m’intéresse pas à un thème en particulier. Je suis juste touché par toutes sortes d’injustices. Je n’ai pas de cause favorite. Je peux parler des minorités, du handicap ou de la situation des pays pauvres opprimés. Je n’ai pas un drapeau que je défends. Par contre, je creuse mes sujets et, en général, ils restent dans mon sac. Mon dernier thème est celui de la guerre, comme la plupart ont lieu en Afrique, je parle beaucoup de l’Afrique dans mon spectacle. C’est ma façon à moi de faire quelque chose pour faire avancer le monde, je pense qu’on peut toujours agir à son niveau.
Comment avez-vous creusé ce thème de la guerre ?
Je l’ai étudié pendant deux ans. Je suis parti du principe que la guerre rend heureux certaines personnes. Qu’il y a forcément des gens à qui cela profite. J’ai pris des cours particuliers de géopolitique avec un professeur de la Sorbonne, j’ai rencontré un journaliste de guerre, des gens de l’ONU, de l’Otan, j’ai mis la main sur le bilan comptable d’Action contre la faim… Mon travail a été journalistique. Et puis j’ai fait passer toutes ces informations par le prisme de l’humour pour les rendre intelligibles.Vous donnez, en quelque sorte, une conférence humoristique?
Non ! C’est un vrai spectacle d’humour. Il n’y a pas de moralisation. Pas de volonté de dire aux gens ce qu’ils doivent penser. J’appuie juste mes vannes sur des faits. C’est peut-être pédagogique, mais pas volontairement, cela se fait naturellement. Mon métier est de faire rire les gens et on peut le faire avec n’importe quoi. Mon cerveau sait être drôle avec n’importe quoi. Donc je lui donne de la nourriture et il fait ce qu’il veut avec !Votre message est quand même forcément politique…
Je souhaite être accessible, populaire et efficace. Je déteste toute forme d’élitisme. C’est aux artistes d’aller vers les gens, pas l’inverse. L’humour noir est segmentant quand il n’est pas drôle. Et il ne faut pas qu’il amène plus à réfléchir qu’à rire. L’incident diplomatique que j’ai créé avec Manuel Valls autour de la politique de la France au Gabon (en janvier dernier, dans l’émission « On n’est pas couché », NDLR) m’a valu d’être écouté des Africains.Vous revenez d’ailleurs d’Abidjan…
Oui, les propos que j’ai pu tenir à la télévision m’ont valu des contacts avec la diaspora africaine. Le week-end dernier, j’ai animé un festival d’humour à Abidjan, en Côte d’Ivoire, devant 2 500 personnes. En mai 2017, je vais participer à l’émission « Le Parlement du rire » sur Canal+ Afrique, où je serai le seul blanc, puis j’effectuerai une tournée en Afrique.