Jérémy Ferrari humoriste hyperactif
Jérémy Ferrari mène de très nombreux projets de front. L’artiste présentera, samedi 25 mars, au Mach 36, son spectacle “ Vends deux pièces à Beyrouth ”. Un humour corrosif et sans concession.
On vous voit un peu partout, en ce moment. Quels projets menez-vous de front, parallèlement à ce dernier spectacle ?
Je multiplie les engagements professionnels, en dehors de la scène, parce que j'adore ça. Ça me prend énormément de temps, mais j'ai besoin de faire plein de choses différentes. En ce moment, je travaille sur le livre du spectacle. Il devrait sortir dans peu de temps. Je suis également en train de préparer le festival que je produis en Belgique, Smile and song.Je travaille aussi sur plusieurs longs-métrages, dont une adaptation de la vie de Philippe Croizon qui multiplie les exploits sportifs.
J'ai aussi ma boîte de production, je travaille sur mon nouveau spectacle, et je continue la radio, avec Laurent Ruquier, dans Les Grosses Têtes. J'ai aussi eu la chance d'aller à Abidjan, en Côte d'Ivoire, avec Mamane, humoriste africain. J'y ai rencontré beaucoup de monde. On va produire, à Paris, un plateau avec uniquement des humoristes africains, pour les faire découvrir aux Français.
Suivez-vous beaucoup l'actualité pour écrire vos spectacles ?
Pour Vends 2 pièces à Beyrouth,j'ai pris deux ans et demi de cours de géopolitique. Je n'entre pas dans des détails très précis qui nécessiteraient de tout adapter à chaque fois, mais je peux faire évoluer le spectacle en fonction de l'actualité.
❝Je parle de géopolitique à ma manière. ❞
Face à la peur, pour vous, la meilleure arme est-elle l'humour ?
Je ne sais pas, mais c'est l'une des armes les plus efficaces, parce que ça fait du bien. Quand je commence le spectacle avec les attentats du Bataclan, c'est aussi pour désamorcer les tensions. Les spectateurs y pensent automatiquement aujourd'hui lorsqu'ils entrent dans une salle de spectacle.
Lorsque vous faites de l'humour noir, sentez-vous que le public est de plus en plus à fleur de peau ?
Je n'ai jamais eu autant de monde dans mes salles de spectacle. Je ne pourrais donc pas dire ça. L'humour provocateur, la dénonciation, l'humour noir, cela n'a jamais été segmentant. Coluche, par exemple, faisait de l'humour très provocateur. Je ne me compare pas à lui, mais c'était l'humoriste préféré des Français, et il l'est d'ailleurs toujours. Le problème avec l'humour noir, c'est qu'il est en général soit un peu trop élitiste, soit trop dans la revendication, soit pas assez drôle. Ce sont des pièges à éviter. Je crois que l'artiste doit faire en sorte d'être totalement compréhensible, et par n'importe qui. Je suis moi-même très peu allé à l'école. J'ai arrêté en seconde, je n'ai pas le bac, je ne suis pas un intellectuel. Quand je parle de géopolitique, c'est à ma manière. J'avais fait la même chose dans mon spectacle sur la religion.
Vous attaquez-vous toujours aux faiblesses de la société ?
Je m'attaque aux scandales. Aux puissants qui manipulent les gens. Ce que j'explique, c'est que toutes les guerres sont déclenchées par une ou deux personnes qui les veulent. On va dire aux militaires qu'ils vont sur le terrain parce qu'ils protègent la démocratie, parce qu'ils vont libérer un peuple, lutter contre le terrorisme. Mais ce n'est jamais vrai. Si on enlève les intérêts économiques, personnels ou diplomatiques, il n'y a plus de guerre. Alors on va me dire que c'est totalement démago, mais ce que je dis est factuel.