Jérémy Ferrari : "Je suis sans filtre, ça passe ou ça casse"
Avec son humour corrosif et son one-man- show, phénomène de l'année, il enchaîne les triomphes et fait salle comble. Rencontre avec un drôle de sale gosse. Avec son spectacle Vends deux pièces à Beyrouth, sur la guerre et la religion, Jérémy Ferrari tente de comprendre notre monde détraqué, ou, à défaut, d'en rigoler. Et d'en faire rire sur un ton acide. VSD l'a rencontré pour comprendre d'où vient son côté < emmerdeur >. Extraits.
Jérémy Ferrari. Oui, les clients écrasés par la vie, la drogue, la violence, l'alcool mais aussi le courage, la solidarité. Voir ceux qui sombrent, d'autres qui relèvent la tête.
J'ai surtout le souvenir d'avoir lutté contre le sommeil en classe, tellement je m'ennuyais. J'étais inadapté au système scolaire, rétif à l'autorité, à la hiérarchie. Je m'étais fait renvoyer après une altercation avec un prof de maths violent qui avait frappé ma voisine de classe. J'ai balancé la table, l'ai insulté. Puis, au bout de deux mois de seconde, on nous fournit deux textes en vue d'une rédaction :< Défendez votre position pour ou contre la peine de mort. > Je suis évidemment contre la peine de mort mais le texte pour était signé d'un débile profond et le texte contre, admirable, l'était de Victor Hugo. Face à cette manipulation, j'ai écrit sur ma copie : < Je suis contre la peine de mort et je veux 20/20 puisque c'est ce que vous voulez lire. > Depuis ce jour, je venais en classe sans stylo, sans bouquin. J'avais 1,5 de moyenne. À 12-13 ans, j'étais hypnotisé par les cassettes de Pierre Palmade, seul sur scène, qui donnait l'impression de personnages multiples. Cétait de la magie. Aujourd'hui, j'ai parfois des complexes par rapport à mon manque de culture.
À 16 ans, vous écumez les bals et les
maisons de retraite avec votre premier one-man-show.
Tout ce qui était possible, et beaucoup de salles vides. Un soir, le spectacle démarrait à 22 heures dans la salle des fêtes d'un bled paumé. Les trois quarts de l'assemblée étaient bourrés et personne ne m'écoutait car après moi il y avait une strip-teaseuse. Ils se sont mis à me lancer des bouchons de champagne et à applaudir quand ils me touchaient. J'ai continué ma prestation. C'est formateur, même si je reste angoissé