Jérémy Ferrari : Le rire a son école

12/05/2024

La Scala vient de créer l'ESAR (Ecole Supérieure des Arts du Rire), premier établissement du genre en France, qui formera 50 etudiants durant deux années, entre Paris et Avignon. L'humoriste Jérémy Ferrari en assurera la direction artistique, épaulé par six enseignants permanents.


        Être drôle, est-ce que ça s'apprend ? Face aux réserves légitimes que peut entraîner la question, Jérémy Ferrari confie : "Quand Frédéric Biessy et Geneviève Meley-Othoniel ont évoqué leur souhait de consacrer une école à l'humour, j'ai trouvé que c'était une très mauvaise idée. Une proposition que je voulais décliner !" Il rit, forcément. Puis en échangeant plus en détails sur la noble ambition du directeur de la Scala et en bâtissant avec lui le fonctionnement rêvé de la structure en question, cet autodidacte forcené assure : "Voilà l'école que j'aurais adoré qu'on me propose quand j'avais 18 ans".


Une école unique et première du genre, en France, alors que nos cousins Québécois proposent des modèles plutôt proches. Car si l'ESAR n'est pas la première école d'humour en France, elle est la première à offrir une formation diplômante agréée (elle donnera lieu à la délivrance d'un diplôme professionnel d'artiste-humoriste), et aussi complète : la première année, trente heures de cours hebdomadaires seront assurées par six enseignants permanents venus du monde de l'art ou du monde universitaire (Greg Romano, Jacky Matte, Jean-Christophe Pare), plusieurs intervenants professionnels ponctuels (de Vincent Dedienne à Arnaud Tsamere), et Jérémy Ferrari aux manettes artistiques. 

La seconde année, dix-huit heures de cours hebdomadaires seront conservées pour privilégier la formation pratique et la création. A l'issue de ces deux années, chaque élève sortira avec un spectacle d'une heure sous le bras, prêt à être joué, à la Scala ou ailleurs.
La première année se déroulera à Avignon, où la Scala Provence a pris ses quartiers. Dans un planning joyeusement rempli, les élèves se frotteront au théâtre bien sûr, à l'écriture, à l'improvisation, à la rhétorique mais aussi au sport. Au fil de la seconde année, cette fois à Paris, l'équipe se plongera dans une pratique davantage de terrain pour atteindre l'objectif ultime : la scène. Montant de la formation, 9 200 euros annuels. Et pour ceux qui n'ont pas les moyens de payer cette somme conséquente, des bourses seront mises en place (au minimum 10 boursiers sur 52 élèves). Pour décrocher leur ticket d'entrée, les candidats seront pré-sélectionnés sur dossier, puis sélectionnés sur une vidéo d'humour de 5 minutes qu'ils auront fait parvenir, avant d'être auditionnés dans le cadre d'un stage de deux jours animé par Jérémy Ferrari. 


Un chemin pas si simple, qui permettra à la fois de détecter le talent potentiel et la motivation des aspirants humoristes. Jérémy Ferrari prévient : "Notre idée n'est pas de fabriquer une usine de stand-uppers, mais de former des auteurs, comédiens, ou producteurs ayant des accointances avec l'humour. Chacun s'épanouira dans la voie qu'il préfère : jeu, écriture, fabrique. A nous de les accompagner au mieux."


Propos recueillis par Nedjma Van Egmond pour le magazine "Théâtral magazine mai-juin 2024"