Jérémy Ferrari, un kamikaze de l'humour s'installe à Marseille
![](https://182d45592c.clvaw-cdnwnd.com/31f2a435a93baedc91b5b1afbb40c72b/200004646-2092320925/20170502_1_5_1_1_0_obj14623948_1.jpeg?ph=182d45592c)
Dans son nouveau spectacle, il s'en prend à Daech et aux djihadistes
Un mot tout d'abord sur l'actualité politique avant le deuxième tour. Peut-on en rire ?
Jérémy Ferrari : Les campagnes étaient drôles, mais le résultat ne me fait pas rire, c'est catastrophique à mes yeux d'avoir le Front national au deuxième tour, parce que c'est un parti raciste, dangereux, et qui ne correspond pas à l'image de la France. J'ai confiance dans les Français pour ne pas voter FN au second tour. Ce qui m'interpelle, c'est la façon dont on parle des gens qui votent pour le FN, on les stigmatise. Mais si le FN est au second tour ce n'est pas de la faute des gens, c'est de la faute des partis politiques : c'est parce qu'ils nous ont manipulés, mentis, parce qu'ils se sont servis dans les caisses publiques. On ne vote plus pour quelqu'un qui convainc, on vote pour le moins mauvais, par élimination.
Les artistes peuvent-ils lancer un appel anti-FN, ou est-ce contre-productif ?
Je me suis toujours clairement positionné contre le Front national. Les appels anti-FN oui. Mais je n'irai pas blâmer les gens qui ne veulent pas voter. Taper sur les gens, ça ne sert à rien. Je ne fonctionne pas sur la peur et la culpabilité. Je ne veux pas rentrer dans ce système, qui consiste, depuis François Mitterrand, à mettre en place le FN pour faire baisser la droite, puis à le diaboliser quand cela l'arrange.
Dans votre premier spectacle, vous renvoyiez dos à dos les religions, catholique, musulmane, juive. Poursuivez-vous votre charge ?
Je l'évoque un peu mais beaucoup moins, dans la mesure où Daech est une secte qui se réfère à la religion musulmane. J'envoie un peu sur Jésus aussi. Mais le thème du spectacle, c'est la guerre. À qui profite la guerre, d'un point de vue économique, politique et personnel ? Je parle de la Libye, de Saddam Hussein, je fais un petit tour d'horizon des conflits qui ont des conséquences sur le monde d'aujourd'hui. Au début, je parlais même de la Première Guerre mondiale.
C'est de la géopolitique par le rire ?
Ça reste de l'humour, je joue différents personnages.
Vous parlez beaucoup des attentats et des djihadistes. Vous êtes-vous penché sur les cas des deux terroristes présumés arrêtés le 18 avril dernier à Marseille ?
Je ne peux par réécrire un sketch à chaque fois qu'un djihadiste se fait arrêter dans une ville, le spectacle ferait 9h ! Le terrorisme est traité de façon globale. Je m'arrête un peu sur le Bataclan, car ça s'est passé quand j'ai écrit le spectacle.
Vous arrivez à en rire. C'est un rire libérateur ?
Oui, surtout au début... Les gens n'étaient pas très rassurés de retourner au théâtre, il y avait une certaine tension dans la salle. Effectivement, c'était un rire exutoire. Mais le spectacle ne parle pas seulement du terrorisme, mais aussi de la guerre, des ONG.
Cette peur de sortir est vite retombée. On ne la ressent plus aujourd'hui, ou moins en tout cas...
Oui, tant mieux ! De toute façon ça peut arriver n'importe où, dans la rue, dans un hypermarché... La peur n'évite pas le danger, comme le dit l'expression. Vivre dans la peur, c'est rentrer dans leur jeu, et en plus cela ne nous protège pas. La seule chose qui reste à faire, c'est de vivre normalement.