Jérémy Ferrari, un petit humour noir bien serré.

03/11/2012

L’humoriste préféré de l’émission télévisée On ne demande qu’à en rire remplit les salles sans avoir changé son humour. Il sera sur la scène de l’Arsenal de Metz, le 9 novembre.


Avec le succès dans l’émission "On ne demande qu’à en rire", les spectateurs vous sont déjà acquis en arrivant, non ?

C’est sûr, c’est plus facile qu’avec trois personnes dans des salles où les gens ne m’attendaient pas. Mais comme ceux qui viennent sont très demandeurs, ils ne m’accordent pas le droit à l’erreur. Quand je suis moins bien à la télé, ils me le disent. Le spectacle tient ses promesses, c’est pour ça qu’il a du succès. Il faut être à la hauteur. Beaucoup d’humoristes passent à la télé et ne remplissent pas les salles. Ce serait le pire, être condamné à faire de la télé toute sa vie.

Mais avant la télé, vous n’étiez pas drôle ?

C’est ce qu’on me disait ! Ce que je faisais tenait la route même si ça ne marchait pas. Je demandais si c’était à cause de la provocation de mes sketches. Non, on ne trouvait pas ça drôle. Je crois qu’en fait, il y avait une grande peur. Depuis des années, on s’installe. Personne ne prend plus de risques. On fait les choses les plus populaires possibles, parce qu’on ne veut pas choquer. Tout est devenu un peu tiède. On ne demande qu’à en rire fait vachement de bien au paysage français. Je n’avais plus rien à perdre quand Laurent Ruquier est venu me chercher. J’y suis allé avec mon humour noir et la mayonnaise a pris.

« L’humour noir, Coluche le pratiquait déjà, on l’oublie un peu. Ça n’est pas réservé à une élite, les gens aiment qu’on les bouscule. »

Vous n’allez jamais trop loin ?

Un petit peu, c'est pour ça que c'est drôle. Les gens disent "Oh noooon" mais ils rient. Si j'étais entre les deux, ce serait moins bien. J'ai toujours été assez cynique. Jeune, je suis naturellement allé vers l'humour noir. La méchanceté me faisait rire. Je pouvais passer des heures en face d'un mec raciste, à l'écouter raconter ses bêtises! L'humour noir permet de parler de tout, d'aller du plus grave au plus léger, le grave avec légèreté, le léger avec gravité. Je suis le chef d'orchestre des émotions des gens.

On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » : vous partagez cette phrase de Pierre Desproges ?

Desproges est mon maître, sauf pour cette phrase. Quand quelqu’un quitte la salle, ceux qui restent rient encore plus ! Pour les gens présents, ça prouve que je vais vraiment loin. Non, la limite est que la noirceur du texte ne doit pas être plus forte que la drôlerie. Je parle de sujets qui me touchent et m’attristent. En en parlant, ça peut aider à résoudre certains problèmes.


Propos recueillis par Ju. B. pour le Républicain Lorrain.