"Jouer en Bretagne est toujours un challenge" 

24/11/2022

Quand Jérémy Ferrari aborde un spectacle, il ne le fait pas qu’à moitié. La préparation de sa thématique est scrupuleuse, celle de sa forme physique pour faire trois heures de show sur scène l’est tout autant.


Vous êtes en tournée en ce moment dans les grandes salles de France. Comment tenez-vous le rythme ?
Oui, nous avons attaqué une grande tournée au début du mois. Mais que ce soit des Zénith ou des salles plus petites, avec un spectacle de trois heures, on ne peut pas y aller en petite forme. L’année dernière, j’ai fait quasiment 120 dates, c’était extrêmement fatigant aussi. Il n’y a pas d’écart à côté. Il faut une hygiène de vie importante : je me couche tôt, notamment quand je ne joue pas le lendemain, je bois beaucoup d’eau, je mange sainement, je fais du sport, j’ai du kiné toutes les semaines… J’ai un rythme de sportif de haut niveau. Quand je ne joue pas, je fais deux à trois heures de sport par jour, sinon une heure. Il faut que mon corps tienne le coup.

Vous avez déjà fait un spectacle sur les religions, un autre sur la guerre, là vous vous attaquez à la santé. Pourquoi cette thématique ?
Pour plein de raisons différentes. J’aime faire des spectacles à thème. Cela permet d’avoir un propos original, et de pouvoir creuser un sujet à fond, de ne pas avoir un propos gratuit. L’avantage est aussi de ne pas dire de bêtise car je travaille le sujet durant près de deux ans. Je suis habité par ce que je raconte. Il y a quelques années, j’avais déjà hésité entre la santé et la géopolitique, car la santé commençait à être un sujet important. Les gens se demandaient un peu ce qu’ils mangeaient, s’il fallait faire plus de sport… Les soignants lançaient aussi déjà un appel au secours. Finalement, j’ai choisi la géopolitique car je sentais que c’était plus chaud, j’ai eu raison car il y a eu des attentats juste avant le début du spectacle. 

Ensuite, il se trouve que pendant mon spectacle Vends 2 pièces à Beyrouth, j’ai fait une tentative de suicide, je suis entré en désintox, j’ai appris que j’avais plusieurs maladies invisibles, psychiatriques. Quand j’arrive à l’écriture de mon nouveau spectacle, je ne buvais plus depuis trois ans, j’allais mieux, il fallait absolument que je témoigne de ce que j’avais vécu.

Et dans ce type de maladie, le plus gros du travail passe par la parole et par l’échange, je savais qu’en allant sur scène et en évoquant ce qui m’était arrivé, j’allais aider plein de gens. 

Le spectacle dure trois heures. Comment arrivez-vous à garder le spectateur attentif jusqu’au bout ?
Il faut écrire le spectacle en sachant que c’est long. Il se trouve qu’au départ, il faisait 2h15, mais il y a eu le Covid, il a fallu que j’ajoute cette partie, donc il est devenu très long. Finalement, les gens restaient en haleine et à la fin, ils étaient très surpris de voir que ça avait duré trois heures. Si vous faites juste des vannes les unes derrière les autres, ça ne marche pas. Il faut casser le rythme, emmener le public à droite, à gauche, le secouer. Le surprendre pour le garder en alerte. 

Vous avez déjà joué à Brest. Le public y est-il singulier ?
En Bretagne, le public est sélectif, il ne sort pas facilement. Donc c’est un challenge. J’ai la chance d’y avoir du succès, c’est la raison pour laquelle nous avons tenté l’Aréna. Quant à la région en elle-même, elle est magnifique, j’aime la Bretagne quand il fait frais, qu’il y a du vent. 

Avez-vous déjà en tête votre prochaine thématique ?
Ce sera certainement sur l’écologie. Ce sujet m’inquiète, je sais que je peux avoir un petit impact sur les sujets quand je les traite. Je me sens presque un devoir de le faire. Il est urgent. J’ai aussi envie de démêler les choses. 

Par Julien Saliou pour actu.fr