"Maîtriser les rires et non plus les subir"

15/12/2016

C'est un artiste loin d'être ordinaire. Lui, est extraordinaire : il sort de la case, il est « Hors cadre » comme le nom de son dernier spectacle. Il fait exploser les barrières. Celles qui pourraient s'ériger en raison de son handicap : Guillaume Bats est atteint de la maladie des os de verre*. Cette pathologie, c'est sa force. Sa puissance. Sur scène, il en parle le plus naturellement possible, sans jamais tomber dans le pathos. Son humour est toujours acide, plein d'autodérision. Un talent, découvert dans l'émission On ne demande qu'à en rire, co-produit par Eric Antoine et Jérémy Ferrari, à découvrir demain et samedi au théâtre de la Cité.


D’où vous vient l’envie de faire de la scène?
J’ai commencé le théâtre à l’âge de 10 ans. En grandissant, au collège notamment, on riait de moi. Je me suis rendu compte que je pouvais maîtriser les rires et non plus les subir. J’ai compris que l’on pouvait rire avec moi et non plus à cause de moi. C’est ça qui m’a amené à vouloir monter sur scène. Je me suis installé à Paris (Guillaume Bats est originaire de la Marne) avec l’envie de faire de l’humour en tant que professionnel. J’ai commencé à écrire des sketches et j’ai participé à l’émission de Laurent Ruquier On ne demande qu’à en rire. C’est là que j’ai rencontré Jérémy Ferrari.
Quelques mots sur votre nouveau spectacle «Hors cadre» ?
C’est en fait la chronologie de ma vie. Je raconte mon parcours, mon enfance en famille d’accueil, etc.
Dès le début, vous mettez tout le monde à l’aise?
D’emblée, je crève l’abcès: pas facile de cacher ce physique assez original! 
Est-ce que vous vous considérez comme un porte-parole de la cause handicapée?
Surtout pas. Non pas que je ne le souhaite pas, mais je pars du principe que si je prends part à cette cause, alors je deviens partial. De fait, mon jeu sur scène sera différent. Ce n’est pas le but. Si je fais bien mon boulot, la cause se défendra toute seule.
La réaction qui vous a le plus touché?
Un jour, on m’a dit: “tu m’as redonné goût à la vie”. J’ai pris une claque. Plus globalement, j’ai l’impression que, dans le contexte actuel, les gens ont besoin de rire et on me dit souvent “Merci, le temps du spectacle, on a tout oublié”. Je pense que les humoristes, les bons, devraient être remboursés par la sécu. 
Votre humour est acide. Avez-vous déjà eu le sentiment d’être allé trop loin?
Une vanne si elle est drôle, elle est drôle et c’est tout. Il faut juste bien l’amener, sans méchanceté. Même si je dis des trucs durs, les gens comprennent le décalage. 
On vous retrouve au théâtre de la Cité demain. Vos attaches avec Nice?
J’ai pleins d’amis niçois, notamment l’humoriste Greg Romano. Et je connais la ville, j’étais dejà venu non pas pour y jouer mais en vacances. J’en garde un très bon souvenir. 

*Une maladie génétique rarissime qui rend les os extrêmement fragiles. Elle est aussi appelée l’ostéogenèse imparfaite.