“Pour faire rire sur le 13 novembre, il faut être aussi drôle que choquant”
Son arme ? Un humour corrosif. Son exploit ? Avoir déstabilisé Manuel Valls chez Ruquier. Ses nouvelles cibles ? La guerre et le terrorisme.
Votre one-man-show commence par un sketch sur l'attentat du Bataclan. N'avez-vous pas eu peur de heurter le public ?
Quand j'ai écrit ce spectacle, les événements du 13 novembre 2015 n'avaient pas encore eu lieu. Après, je me suis dit qu'il était impossible de ne pas en parler mais que je devais le faire à ma façon, c'est-à-dire avec cynisme.
Comment faire rire sur un tel sujet ?
Ce doit être aussi drôle que choquant, voire plus drôle que choquant. En humour noir, plus on force le trait, plus le propos devient absurde et plus les spectateurs peuvent en rire. Et puis, actuellement, comme ils sont fouillés à l'entrée, ils l'ont déjà à l'esprit en arrivant. Il fallait donc attaquer tout de suite là-dessus. Bon, là, je fais le malin, mais le soir de la première, j'étais terrorisé. Dès que la salle a commencé à rire, je me suis dit c'est bon, si cela passe, le reste passera. Je pense que c'est libérateur pour les gens et je fais ce métier d'abord pour eux.
D'où vous vient cet humour acide ?
Dans ma famille, on s'est toujours beaucoup taquiné et ma mère avait l'habitude de répondre à mes questions en usant d'un humour très noir. Par ailleurs, je n'étais pas bon élève à l'école et j'avais du mal à m'intégrer. Mais quand un professeur me prenait à partie, j'avais toujours la réponse cinglante au bon moment. Ce qui m'a valu, en 6e, d'être élu délégué de classe à l'unanimité, alors que j'étais sûrement le gamin le plus détesté. Les autres ont dû se dire : « On ne l'aime pas, mais il saura nous défendre. »
Dans ce spectacle, vous parlez du terrorisme, de la guerre. Pourquoi choisir des thèmes aussi « lourds » ?
Parce que le climat actuel est lourd. On doit être à la hauteur de l'horreur, il faut arrêter de penser à sa petite carrière, à sa petite image. Quand on se dit provocateur et qu'on dispose d'une tribune médiatique, on ne doit pas chercher à la préserver à tout prix. Il faut se révolter, il faut que ça change, on ne peut pas continuer à dire : « On ne peut rien faire. »
On a l'impression que vous êtes perpétuellement en colère...
Ayant grandi dans un milieu modeste d'un « quartier » de Charleville-Mézières, j'ai constaté que le système n'épargne pas les plus faibles et qu'on n'a pas tous les mêmes chances au départ. Alors, avec le temps, j'ai accumulé pas mal de révoltes et j'ai eu envie d'utiliser l'humour, non seulement pour faire rire, mais aussi pour défendre et dénoncer.
Qu'il s'agisse du conflit israélo-palestinien ou des dérives de certaines ONG, ne craignez-vous pas que quelques-uns de vos propos vous attirent des ennuis ?
Pour écrire ces sketchs, j'ai rencontré de nombreuses personnes. Elles m'ont toutes dit deux choses : « Surtout, tu ne me cites JAMAIS » (rire) et « Tu vas avoir des problèmes ». C'est donc plutôt le silence actuel qui m'angoisse.